Définition de SOUFFRETEUX, EUSE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : sou-fre-teû, teû-z'

DÉFINITIONS

1
Sémantique : Terme familier. Qui est dans le besoin, qui manque des choses nécessaires.
Ils languiront toute leur vie, pauvres, souffreteux, méprisés
de PATRU dans Plaid. 4
Nature : Absolument.
....un pauvre souffreteux.... Se plaint là-bas
de Jean de LA FONTAINE dans Orais.
Quand ma personne fut affichée par mes écrits, je devins dès lors le bureau général d'adresse de tous les souffreteux ou soi-disant tels
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Prom. 6
2
Sémantique : Par abus, et comme si souffreteux venait de souffrir. Qui est momentanément souffrant, qui éprouve quelque douleur, quelque malaise. Il est tout souffreteux.
La blanche et souffreteuse Amélie, couchée sur l'herbe, ressemblait à un narcisse abattu par l'orage
de François René CHATEAUBRIAND dans Natch. 2° partie, vers le milieu

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Ne pur el [ni pour autre chose] ne fist l'um le nostre ordre establir, Fors pur les suffraitus aidier et sostenir
dans Th. le mart. 96
Dont fu ma mere soufraitouse d'amis ?
dans Raoul de C. 67
2
XIIIe s.
Tu es retraianz le soffretous des mains as plus forz de lui
dans Psautier, f° 42
.... Si vien avec nos, Tu ne seras ja sofretos De rien dont te puisson aidier
dans Ren. 13258
Dès le tens de s'enfance fu le roy piteux des poures et des souffraiteus
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 297
3
XIVe s.
Et le souffreteux dit que [félicité] c'est avoir richesse
de Nicolas ORESME dans Éth. IIII
4
XVe s.
Assailli m'a vieillesse soufraiteuse
de Eustache DESCHAMPS dans Femmes et enfants.
5
XVIe s.
Il sentoit son armée fort affoiblie et souffreteuse de toutes choses
de Jacques AMYOT dans Anton. 65
Les gens souffreteux et de basse estoffe estoient toujours les autheurs et executeurs de telles factions et seditions
de FROUMENTEAU dans Finances, 3e livre, p. 418

ÉTYMOLOGIE

1
L'anc. substantif soufraite ou, moins bien, soufrete, qui signifiait disette, manque (XVIe s. Maints bons esprits passent soufrete, Et vivent de lard et de pain bis, EUSTORGE DE BEAULIEU, Ballade). En Normandie, on dit : faire sa souffrette d'une chose, prendre son parti de l'avoir perdue ; c'est aussi le sens propre de souffreteux. Soufraite ne vient point de souffrir, il vient du latin fictif suffractus, brisé, de sub, sous, et frangere, briser ; cela est surabondamment prouvé par la forme provençale sufracha, sofracha.